Portrait d'entrepreneure #1 - Sabine Boyé-Gonçalves



J'ai rencontré Sabine dans le cadre de la Yess Académie. Elle était ma coach sur le projet Hacer con Ella. J'ai énormément apprécié son écoute, sa patience, ses conseils, bref, son professionnalisme. Je voulais la remercier. Comme je venais de créer ce blog, j'ai eu l'idée de le faire via cet article. Il sera le premier d'une série de témoignages.

Hacer con Ella : qu'est-ce qui t'a donné l'envie de devenir entrepreneure ?

Sabine : dès le début de ma carrière professionnelle, j'ai évolué dans des postes à forte autonomie et responsabilité, demandant un esprit de développeur d'affaires. Lorsque j'ai quitté la Finance Internationale pour une vie plus alignée avec mes valeurs, je me suis tout naturellement tournée vers l'entrepreneuriat en reprenant une papeterie-librairie. Pour moi, c'était la promesse de créer une activité qui me ressemble et dans laquelle je peux mettre mes compétences, ainsi que mes valeurs et ma vision, au service de mes salariés et mes clients.

HCE : comment es-tu parvenue à te réorienter ?

Sabine : tout est parti d'une passion, celle de la littérature, qui m'a donnée l'envie d'avoir mon propre lieu avec une atmosphère particulière, à mon image. Pourtant, ensuite, cela a été un apprentissage sur la durée, fait de victoires mais aussi d'erreurs. Le parcours n'a pas été un long fleuve tranquille et pendant les moments difficiles, je me suis souvent sentie seule. Même si l'envie de faire l'autruche était parfois présente, j'ai eu la présence d'esprit de demander de l'aide. Et je crois que c'est ce qui a évité à ma première affaire de se terminer en fiasco. Cependant, cela m'a demandé du courage, celui de revoir l'image que je m'étais construite pendant plus de 10 ans : celle de l'héroïne qui vient à bout de tous les obstacles et arrive au sommet par la seule force de ses compétences et de sa volonté. 

C'est aussi ce parcours qui nourrit aujourd'hui ma nouvelle aventure entrepreneuriale. Mais l'expérience ne suffit pas. Pour avancer et progresser, il faut prendre du recul sur cette expérience, le rôle que l'on y a joué, positif ou négatif, quelles leçons cela nous a permis d'apprendre et quelles forces on a développées. C'est cette prise de recul qui me permet aujourd'hui d'accompagner les entrepreneurs et les managers à retrouver le goût et la fierté de leur entreprise. 




HCE : à ton avis, est-ce plus compliqué lorsque l'on est une femme ? 

Sabine : en ce qui concerne mon expérience personnelle, si j'ai souvent connu des discriminations en tant que salariée femme, je n'ai pas ressenti de frein externe quand je me suis lancée dans l'entrepreneuriat. Au contraire. Mes formations et expériences professionnelles solides ont facilité un regard bienveillant de la part de mes interlocuteurs. Et puis j'ai un mari "moderne" pour qui le partage des tâches ménagères n'est pas qu'un discours. Je sais que c'est loin d'être le cas pour toutes les femmes.

De plus, je préfère partir avec un a priori positif. Car, si je pars avec l'idée que ce sera plus difficile parce que je suis une femme, j'ai de forte chance de saboter ma confiance en moi et ainsi rendre plus difficile ma réussite.

Dans tous les cas, il me semble que, pour une femme encore plus que pour un homme, devenir entrepreneure nécessite d'ajuster l'image que l'on a de soi et de son rôle dans la société. Image renforcée par notre entourage proche qui a l'habitude de nous voir dans un certain rôle : pour certaines, ce sera l'image de la mère parfaite, pour d'autres, d'épouse attentionnée, pour d'autres encore, celle de la femme au foyer, sans valeur dans le monde professionnel. Et cela demande un ajustement de longue haleine, complexe, paralysant et culpabilisant. C'est pour cela que je recommanderai aux femmes qui ont envie de se lancer de s'entourer de personnes bienveillantes et encourageantes. Et qui mieux que d'autres femmes entrepreneures pour comprendre ce que cela demande !  

HCE : quels conseils donnerais-tu à une future entrepreneure ? 

Sabine : bien s'entourer est l'un d'eux. J'en propose deux autres : 

Développer la confiance en soi. Quand on commence un projet, nous ne sommes pas complètement sûres d'être légitimes pour le faire. Il y a des tas de choses nouvelles que nous devons apprendre et maîtriser. C'est intimidant. Et certains commentaires ou certaines expériences peuvent nous faire perdre complètement foi en notre capacité à mener notre projet à bien. Il est bon de se rappeler tout ce que nous avons déjà réussi, alors que nous n'avions aucune expérience préalable. Personnellement, je tiens une liste à jour et je la relis dans les moments de doute. 

Ne pas rester seule face aux difficultés. Nous sommes des femmes fortes et courageuses et, parfois, lorsque nous sommes confrontées à des obstacles, nous avons peur de demander de l'aide. Nous avons peur d'être jugées et d'entendre le "je te l'avais bien dit" de celui qui n'essaie jamais rien. Nous préférons penser que nous devons réussir seules. C'est une erreur que j'ai moi-même faite. Pourtant, mes plus belles réalisations ont été possibles uniquement parce que d'autres personnes m'ont aidée. Plus on réalise tôt que l'on a besoin de l'autre, plus on gagne du temps et on réussit vite. 




HCE : pour terminer, quelle est ta chanson emblématique ? 

Sabine : "Ma philosophie" d'Amel Bent. Je trouve qu'elle décrit bien l'énergie, la conviction et la détermination que j'ai eu à mettre pour dépasser les obstacles et atteindre mes objectifs un peu fous ! De plus, c'est une chanson que je chantais avec mes trois enfants lors de nos trajets en voiture. Un excellent souvenir de départ en vacances.  


Sabine Boyé-Gonçalves a créé Coessia dont la mission est d'aider les entrepreneurs et les managers à retrouver le goût et la fierté de leur entreprise, quand le quotidien devient trop pesant. 

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